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La Maison, 2002, Eija-Liisa Ahtila

Le travail d'Eija-Liisa Ahtila est incontestablement situé entre deux mondes. Sans jamais tomber complètement dans un espace onirique, ses installations "images en mouvement" piègent les habitudes, traquent les évidences et invitent à une autre vision de la condition humaine. Sans quitter le monde du vivant, la filmographie inventive et précise de l'artiste appelle une conscience nouvelle, une hauteur parallèle, distance nécessaire pour mieux l'observer. Eija-Liisa Ahtila place le visiteur en perpétuelle lévitation, dans un espace temps répété ou ralenti, presque étouffé, proche du souffle coupé. Il oblige à la concentration didactique dans un état à la fois inconfortable et captivant, résolument intime. L'artiste sonde un rapport anthropologique réaliste où s'invitent comédiens, amateurs -femmes au parcours chaotique- et animaux. Un point de vue, une mise en situation lente et monotone dans l'environnement propagent une sensation de détachement sans renoncement. "Nous vivons dans une époque caractérisée par la définition, la redéfinition, la déconstruction, la restructuration, le flou, et l'élimination des frontières, les limites et les définitions."
 

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Horizontal, 2011, Eija-Liisa Ahtila


Avec "Horizontal", les tableaux successifs filmés d'un épicéa coupé et ses morceaux désolidarisés dans leur prise de vue au vent, recomposent une apparente ou évidente réalité. "Quand on parle de la présence familière de l’épicéa, de quoi s’agit-il au juste ? Nous l’avons décrit et nous sommes habitués à le voir. Mais nous avons oublié de nous demander ce que pourrait être notre relation avec l’épicéa. L’écologie nous oblige à poser ce genre de questions naïves, qui n’ont pas de réponse immédiate, et n’en ont pas besoin d’ailleurs. Il suffit de les laisser en suspens pour ouvrir des horizons inconnus /.../ J’essaie de montrer, par exemple, que les mondes de la nature et en particulier celui des expressions humaines au cinéma ne se rencontrent pas. Même si ces mondes coexistent, ils sont parallèles".

Regard oblique inaccoutumé "fenêtre numérique sur le monde", l'artiste finlandaise interroge de façon habile la question du sens des êtres vivants. Casse tête méditatif, voie sans issue, les perceptions sensorielles en éveil  font naître, de pièce en pièce au fil d'un parcours cinétique original, une sensation universelle, celle de l'incertitude. 

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