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Fascination rime avec collection ou obsession, à moins que ce ne soit avec navigation ? Chez Riera i Aragó le champ lexical de son oeuvre, le fil conducteur de ses étonnantes machines à l'évocation tantôt marines, tantôt aériennes, est l'élice. Légère, tranchante, oblongue, colorée, jamais menaçante, elle échoue avec vous, immanquablement dans les fonds marins ou flirte avec les airs. Un choix de voyage qui seul vous appartient.

Pourtant, c'est bien ce monde des eaux que l'artiste catalan appréhende avec conviction et passion. Minutieux, laborieux, calme, il accumule, une par une, chacune de ses œuvres et elles forment un tout évident. Sous toutes ses formes, petites et grandes, sculptures côtoient peintures tissées sur toile. L'eau est mise en scène dans des bassins étroits où pourtant on se noie et où l'on voudrait se perdre. Ses bassins aux profondeurs apaisantes, presque envoûtantes transcendent la couleur et les formes de l'érosion d'une machine devenue organique. Le chant d'une sirène évocatrice d'une mer familière, bruit sourd monochrome, comme un chuchotement lancinant vous appelle à le rejoindre. Et c'est un bal de machines qui vous attend à la fois silencieuses et déterminées à agir, presque bruyantes car si nombreuses. Le génie de la mécanique précise, la force de l'accumulation ici représentée, s'efface plus loin. Isolé sur une toile, comme échoué sur une île de lin précieux, le fer érodé est réapprivoisé sous les traits du pinceau, une autre lame de précision.

Josep Maria Riera i Aragó dit aimer le matériaux recyclé car il lui offre le souvenir d'une couleur qui l'inspire et l'aide à parcourir le chemin de son rêve, le support nécessaire à sa création. Patient, son oeuvre est parfaite de sincérité, de simplicité, tout y a un sens, tout y prend sa place méthodiquement, sans le moindre faux pas, dans une brillante scénographie orchestrée de main de maître au Musée de Céret. Une évidence à découvrir sans faute.

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