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Where the Tides Ebb and Flow, Pedro Marzorati

Comment prendre conscience de l'importance du changement climatique sur les forêts ? La forêt du latin « foris » signifie "en dehors". Pourtant, elles régulent les écosystèmes, fixent et conservent les sols, stockent l'eau par les végétaux et absorbent près de la moitié du carbone pour produire de l'oxygène, vital à la survie de toutes les espèces dont l'homme. Rompre le mur de l’indifférence implique nécessairement un événement percutant ou un nombre important d’acteurs.

Comme les 1 000 figurines humaines de glace, sculptures éphémères accumulées par l’artiste brésilienne Néle Azevedo en partenariat avec WWF, qui sont exposées sur les marches de l’Opéra de Berlin ou du Palais Garnier. Pedro Marzorati, artiste argentin engagé, inscrit souvent ses projets en forêt. « Where the Tides Ebb and Flow » est une installation d’art environnemental, présentée en Europe, sur la montée des eaux suite au réchauffement de la planète.

L’animal miroir de l’âme des forêts et des hommes

"Et si les bêtes nous renvoyaient, comme dans un miroir, l’image de notre propre condition?" Isabelle Lemesle, Présidente du Centre des monuments nationaux "Bêtes Off". Aujourd’hui, l’image de l’humain est surexploitée. Elle laisse le champ à l’expression et la « présence silencieuse » de l’animal témoin. La symbolique des animaux des forêts est aussi familière à l’homme. Le travail d’Angelika Markul, installation proposée au Quai d’Angers par Lauranne Germond du réseau COAL Coalition pour l’art et le développement durable et Commissaire d’exposition « Eclaircies », impacte le sensible et dénote. Un animal à l’épaisse fourrure inerte, mort en sursis est plongé dans la neige d’un congélateur branché sur prise électrique. Gloria Friedmann, quant à elle, met en scène l’animal familier et altier de la forêt, le cerf. Elle le confronte à l’absurdité de notre univers, tantôt juché sur une balle de déchets compressés ou acculé sur une voie sans issue jonchée de souches d’arbres coupés dans le lit d’une marée humaine. Croiser l’absurde, prendre du recul sur son mode de vie et ses conséquences, le regard de l’animal, non culpabilisateur, non blasé presque naïf, nous ramène à l’état de nature et à l’état critique de nos pratiques et celle de notre société.
 

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L’art numérique est sans doute la clé pour rapprocher des mondes éloignés et permettre une plus large diffusion. Le film d’Ariane Michel « Les yeux ronds » oblige à nous immobiliser, nous placer dans le champ de cette chouette perchée sur un arbre, hypnotisée par la superposition du regard perplexe face aux accélérations lumineuses d’un monde urbain qui s’agite la nuit. Faire l'expérience est supérieure à la connaissance abstraite. Avec "The screening", aventure interactive in situ, l’artiste cinéaste invite à pénétrer la forêt. Le spectateur voyeur regarde le film des habitants de ce lieu habité et se joue des effets sonores. Des arts vivants, le théâtre du Peuple à Bussang dans les Vosges est une originalité,  une scène ouverte sur la forêt qui s’offre au décor. Art numérique ou arts vivants et changement climatique, reste à en inventer le jeu. Paradoxalement, l’animal peuple d’humanité des lieux déshumanisés. La majestueuse installation "Here is the end of all things" de Claire Morgan a été présentée récemment pour l'exposition "Bêtes off" au coeur de la Conciergerie à Paris inspirée par Claude d'Anthenaise Commissaire, Conservateur en chef et Directeur du Musée de la Chasse et de la Nature. 
 

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Les yeux ronds, 2006, Ariane Michel

Extrait "Art, écologie et forêts : l’homme, un animal sensible ?" Conférence Edith Liégey Colloque Eurorégion Pyrénées Méditerranée « Art et écologie au 21e siècle : Les forêts à l’épreuve du changement climatique », Caza d’Oro Mas d’Azil Centre International de Recherche d’Art ; Les Isards ; Réserve naturelle de Py ; Centre d’Art i Natura de Farrera, 2012 avec Philippe Domergue.

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