Les nids de Dougherty aux écuries du château Trévarez

Patrick Dougherty a encore sévi, cet expert international des « cabanes » grandeur nature, à l’instar d’un oiseau migrant d’un genre nouveau, a élu domicile en France, en résidence au prestigieux Domaine de Trévarez. Il aurait pu choisir la cour du Château mais son regard s’est porté à l’entrée des anciennes écuries qui abritent désormais son exposition. On y découvre ses nombreuses œuvres déployées dans le monde entier, explicitées. A chaque fois, le même processus l’habite. L’artiste visite, scrute les alentours et décide tantôt de prolonger un patrimoine bâti par l’homme, tantôt de s’en affranchir. Ses œuvres 100% nature occupent l’espace, le dessinent et offrent une nouvelle perspective où règne le mot harmonie entre l’intervention de la main de l’homme et la nature. Sculptures végétales, courbes gigantesques, cônes arabesques, Dougherty observe et s’inspire des lieux, des formes sous ses yeux et celles vécues ailleurs. Au Château de Trévarez, tel un oiseau royal, il a choisi avec minutie la composition de son nid étonnamment géant et étrangement accueillant. Il a jeté son dévolu à 20 km des environs sur des branchages de saules et de châtaignier souples prêts à être tissés.

Talentueux faiseur d’art environnemental et monumental, il partage son projet à échelle humaine et sur place invite les populations, locales ou de passage à venir construire la cabane rêvée. Un tressage savant épouse et se plie à son imaginaire, un regard éternel d’enfant mêlé à celui d’artiste sculpteur, architecte et charpentier inspiré. Face aux écuries du Château de Trévarez, jouxtant le bois et près de la paisible fontaine, se trouve la maison organique de Dougherty. Solide assemblage et impressions de nids douillets qui donnent envie, envie d’entrer, envie de jouer, envie de se cacher, envie de se perdre et d’observer protégé l’effet du temps et l’usure des saisons sur cette construction éphémère et durable. A moins qu’un jour, on ne la retrouve habitée par un oiseau captivé.